Le 1 février 2013
« Sobriété, liberté retrouvée »
Dans l’approche des conduites addictives il est important de parler de prévention, de comprendre les mécanismes mais également d’évoquer les groupes d’entraides en addictologie qui par l’émotion, la parole, réconcilie l’individu avec lui-même. Rencontre avec Jean-Luc Colocci membre impliqué de l’association Narcotiques Anonymes de Lille.
C’est un combat qu’a mené Jean-Luc avec l’alcool, les médicaments mais également le cannabis. Du haut de ses 60 ans, la voix écorchée, il a déjà vécu une dizaine de vies. Il nous raconte sa descente aux enfers, mais également sa renaissance : « J’ai commencé à consommer de l’alcool à l’adolescence, cela me donnait confiance. Puis, j’ai rencontré le cannabis lors de festivals, et au fil du temps j’ai augmenté ma consommation d’alcool. Peu à peu je me suis coupé du monde extérieur », déclare Jean-Luc.
« Le produit fait baisser la culpabilité »
Les narcotiques sont des produits qui agissent sur le cerveau dont l’abus conduit à la toxicomanie : cannabis, alcool, héroïne, amphétamine, cocaïne… Face à cette consommation « on a une attitude d’adolescent et on se sent très seul. On est marginalisé surtout avec les drogues, puisqu’en plus de la dépendance on est dans l’illégalité » confie Jean-Luc. Il se rend alors chez son médecin de famille, fait des cures ambulatoires… « On peut être sevré médicalement pour combler le manque mais cela n’aide pas à régler le problème de fond ». D’où provient ce problème de fond ? Généralement d’une famille dysfonctionnelle avec des antécédents de dépendance, également une fragilité de comportement, un désengagement de la famille… « Le produit fait baisser la culpabilité, il alimente un circuit de récompense, il apaise quand ça ne va pas, et on rentre dans l’addiction. On a toujours besoin du produit et toujours plus. ».
« Le 11 novembre 2005 j’ai signé mon armistice »
Sa vie oscille entre période d’abstinence plus ou moins longue et période de dépendance. Puis, dans les années 90 sa vie bascule une nouvelle fois. Jean-Luc est ivre tous les jours, il perd son travail, il divorce, il n’a plus de vie sociale, il se retrouve à la rue. « Je me suis retrouvé S.D.F, et là le monde devient irréel. En 96 j’ai senti ma fin arrivée. J’appelle le Samu Social et là se passe une « rencontre » avec un homme, qui était aux alcooliques anonymes. Je décide d’y aller. Rencontrer des gens souriants, cela m’a donné de l’espoir. Je voulais en finir avec cette vie de clochard. » Ces réunions sont l’occasion de partager la souffrance sans jugement. Il n’y a pas de médecin, pas d’animateur, uniquement des ex-toxicomanes. Après une nouvelle rechute, Jean-Luc arrive en 2003 à Lille et, en 2005 il tire un trait sur son addiction. « Les déceptions me rapprochaient du verre. Le 11 novembre 2005, j’ai signé mon armistice. Depuis, plus un verre ».
Les réunions des groupes d’entraide Alcooliques Anonymes et Narcotiques Anonymes permettent aux membres de se rétablir ensemble. Les anciens aident les nouveaux. Les anciens sont « boostés » quand ils aident les nouveaux. Un programme de rétablissement permet un jour à la fois de s’éloigner des produits et vivre mieux.
Depuis 6 ans c’est lui le modèle. C’est à son tour d’aider les autres à sortir de leur dépendance. Jean-Luc intervient également à l’université, dans les écoles d’infirmières. Il a pour projet la création d’un site avec des consultations qui s’appellera « Sobriété, Liberté retrouvée ». Une nouvelle vie pour Jean-Luc, « C’est dans l’aide des autres que l’on retrouve la sérénité » affirme ce dernier.
Retrouvez l’association Narcotiques Anonymes de Lille lors de la soirée santé –Entrée gratuite – Réservation obligatoire sur soirée-sante.com – Soirée « Addiction » mardi 12 février à 18h30 à Lille Grand Palais.